Arrivés à Saint Georges à 15 heures 45 alors que la douane ferme à 16 heures, nous sautons dans l'annexe pour faire les formalités et c'est avec des douaniers très compréhensifs que nous remplissons les formalités en quelques minutes. C'est tout juste si ils ne me tiennent pas le stylo pour cocher les cases.
En sortant, quelle n'est pas notre surprise en voyant à l'entrée du lagon un Sun Odyssée 52, bleu marine qui a même un très grand pavillon identique à celui de Tawara. Je tourne un peu la tête et je vois que Tawara n'est plus à sa place. En quelques secondes nous sommes dans l'annexe et nous constatons en arrivant que trois norvégiens, forts sympathiques, plein d'humour, d'un calme parfait, ont pris les choses en mains. Ils ont mis le moteur en route, sorti quelques pare-battages et évité tout incident. Nous les remercions très vivement en leur offrant une bouteille de vin. Le soir, nous les invitons à boire un «Tawara ». Le capitaine du bateau norvégien revient de faire un Tour du Monde, sa dernière étape étant Cap-town-Tobagos. Ils ont un programme un peu identique au notre, tout au moins dans les jours qui viennent car ils remontent sur la Martinique puis Antigua pour traverser sur les Açores et ensuite retourner en Norvège.
Le pavillon de Grenade
Le soir, nous dînons pour un prix très modique au restaurant de la Marina. Nous en avons eu pour notre argent !
Histoire
Avant l'arrivée de Christophe Colomb, en 1492, l'île était habitée par les Caraïbes. Christophe Colomb baptisa cette île Concepción. Une compagnie fondée par le cardinal français Richelieu acheta l'île aux Anglais en 1650. Grenade resta sous domination française jusqu'en 1762. Grenade devint officiellement britannique en 1763 par le traité de Paris qui met fin à la Guerre de Sept ans. Les Français se réemparèrent de l'île en 1779, mais les Britanniques la reprirent peu après. En effet, les deux camps signèrent le traité de Versailles en 1783. Provoquée par Victor Hugues une révolte pro-française éclata en 1795 mais fut matée par les troupes britanniques.
De 1958 à 1962, la Grenade devint une province de la Fédération des Indes occidentales qui éclata rapidement.
L'île accéda à l'indépendance le 7 février 1974 sous Eric Gairy. Mais le gouvernement de celui-ci devint progressivement autoritaire, déclenchant un coup d'État en 1979 par le populaire et charismatique leader populiste Maurice Bishop. Bishop n'organisa pas d'élections et sa politique socialiste le rapprocha considérablement des communistes de Cuba. Ceci était dérangeant pour les pays voisins, comme Trinité-et-Tobago, la Barbade, la Dominique et surtout les États-Unis. Au sein du gouvernement socialiste, des dissensions entre une section pro-soviétique loyale à Moscou et les partisans de Bishop conduisirent à l'arrestation de ce dernier. Il fut exécuté le 19 octobre 1983, l'armée (dominée par les éléments pro-soviétiques) prenant le pouvoir.
L'intervention américaine
Six jours après la prise de pouvoir par l'armée en octobre 1983, la Grenade était envahie par une coalition menée par les États-Unis, une opération nommée Urgent Fury. Cette intervention fut demandée par l'Organisation des États de la Caraïbe orientale (OECE); la requête fut rédigée à Washington.[2] L'opération fut le plus grand déploiement américain depuis la guerre du Vietnam.
La guerre fut rapide et la coalition américaine (7000 soldats américains et 300 hommes d'Antigua, la Barbade, la Dominique, la Jamaïque, Sainte-Lucie et Saint-Vincent, qui n'ont pas participé aux combats) vint rapidement à bout des forces grenadiennes (1200 soldats, assistés par 784 Cubains et quelques instructeurs provenant d'URSS et d'autres pays communistes). Une partie des Cubains présents étaient en fait des ouvriers travaillant à la construction d'un grand aéroport sur l'île, qui avaient reçu un bref entraînement militaire.[3] Cet aéroport (l'actuel aéroport Point Salines de St George's) fut achevé par les États-Unis plus tard.
Le président américain Ronald Reagan avait lancé l'attaque notamment pour assurer la sécurité des étudiants américains présents. Il apparaît aujourd'hui pour la plupart des observateurs que rien ne menaçait réellement ces étudiants, et que le traumatisme de la prise d'otage de Téhéran a causé cette réaction forte des États-Unis.[4] Il faut également relever que deux jours auparavant, le 23 octobre 1983, un attentat meurtrier à Beyrouth contre une caserne américaine (concommittant à l'attentat du Drakkar) avait meurtri les États-Unis. Les États-Unis n'étaient pas favorables à l'établissement d'un nouveau relais communiste aux Amériques. Ronald Reagan avait notamment dénoncé la construction de l'aéroport de Point Salines avec l'aide de Cuba, affirmant qu'il avait un objectif militaire. [5]
La reine Élisabeth II, chef d'État de la Grenade, a vivement dénoncé l'invasion, tout comme les Nations unies (veto américain au Conseil de Sécurité, et 108 contre 9 à l'Assemblée générale). Le bilan de l'invasion fut de 19 soldats américains, 45 soldats grenadiens et 25 Cubains tués. De nombreux civils ont également été tués (au moins 24 recensés, peut-être plus de 100 en réalité)[6]. Par exemple, un hôpital psychiatrique fut bombardé à la place d'un quartier général militaire.[7] Des élections furent tenues en 1984, et virent la victoire des pro-américains.