La nuit a été pour le moins difficile!
Vers 11 heures du soir les éclairs ont commencé à éclairer le ciel. Prévoyant un mauvais coup de vent, je prépare tout et je mets les instruments de navigation en marche.
Un quart d'heure plus tard, les éléments se déchaînent: il y a 5 à 6 impacts de foudre par seconde, les plus proches tomberont à moins de 200m du bateau. Toutes les lumières d'Isla Mujeres s'éteignent.
Brutalement, c'est à dire en quelques secondes le vent se lève pour atteindre 50 noeuds (mémorisation de l'anémomètre). Je sais que je ne suis mouillé qu'avec 20 mètres de chaîne (pour 2m50 d'eau) et que c'est insuffisant, mais il y a la main de fer et il ne m'est pas possible, seul, d'aller l'enlever. Je mets le moteur en marche. Sur une rafale encore plus violente avec une orientation de 90° par rapport à la précédente, Tawara se couche et je sens que l'on commence à déraper. J'accélère le moteur qui cale brutalement. Cette fois, je pense que l'on va aller à la côte. Une des sangles du bimini a lâché et il fait une importante prise au vent. Je tente de faire repartir le moteur et miracle: il démarre. Pendant une heure et demi, je maintiens le bateau face au vent avec le moteur. Il tombe des cordes (horizontales) et j'ai froid, mais je ne peux pas quitter la barre ne serait ce que quelques instants.
A un moment où le vent faiblit légèrement je vais à l'avant et je libère la main de fer: il vaut mieux la perdre que de perdre le bateau! Le guindeau ne fonctionne plus et c'est à la main que je mouille 50 mètres de chaîne: le bateau s'immobilise face au vent. Par contre il n'y a plus que 1m90 d'eau.
Au bout de deux bonnes heures, l'orage se déplace vers le sud et le calme revient.
Ce matin,je constate que le propulseur fonctionne: je vais dans la soute à voile et en manipulant le disjoncteur, le guindeau fonctionne à nouveau. Je remonte la chaîne, mais la main de fer ne s'est pas détachée et son bout a fait un énorme sac de noeuds: je prends l'annexe qu'il faut commencer par vider et je vais défaire méthodiquement le sac de noeuds. Je vais mouiller à nouveau avec 35 mètres de chaîne.
Enfin, je constate que c'est l'écoute de trinquette qui s'était envolée dans une rafale et qui est passée dans l'hélice. Le moteur est reparti dans la nuit car il y a un coupe orin.
Une des raisons pour lesquelles le bateau a dérapé tient au fait que quelques mètres plus loin que l'endroit où j'avais mouillé, il y avait 5m50 de fond.
Je retiens: même avec peu d'eau, il faut mouiller beaucoup, beaucoup de chaîne. La main de fer bricolée n'est pas bien car elle ne peut pas se détacher facilement. Le bimini doit être replié le soir, ce que je ne faisais plus compte tenu des conditions climatiques habituelles.
Dans la matinée je suis allé enlever les restes de l'écoute de trinquette qui avaient fondu autour de l'arbre d'hélice. Pour ce type d'opération, seul le couteau à pain avec ses dents est efficace.
Enfin à partir de demain et pour trois jours, il y a un front de Nord ce qui va peut-être poser un peu de problèmes car le mouillage n'est pas protégé du Nord.